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à tes fêtes ; ton despotisme efféminant est populaire : Ouvre tes théâtres, ouvre tes salles de bal, ouvre tes salons de réception ; la foule s’y précipite ; la foule les encombre ; la foule s’y enivre, s’y exalte et palpite de joie et de démence ; elle y est ensorcelée et subjuguée par tes pompeuses bagatelles, par tes éblouissantes vanités ! Hélas ! à quoi servent tant de pompes, tant de vanités, puisque, toutes, elles doivent aboutir à un cercueil, à une fosse…et à l’oubli !

« Eh quoi ! se disait Atala avec douleur, il est permis de fuir, pour éviter la peste qu’engendrent les poisons de l’air, et qui n’atteignent que la vie du corps ; et il ne serait pas permis de fuir, pour échapper aux poisons qu’engendre la fermentation des passions, accumulées dans un même foyer impur, et qui atteignent la vie de l’âme elle-même, incomparablement plus précieuse que celle du corps ? Et ce que conseille le médecin, pour sauver la vie du corps, on le défendrait, pour sauver la vie de l’âme ! On s’exile de la société pour sauver le corps ; et on ne s’en exilerait pas pour sauver l’âme ? La contagion est à redouter pour le corps, mais elle n’est pas à craindre pour l’âme ? Tout pour le temps, et rien pour l’éternité ! Tout pour la matière, et rien pour l’esprit ! Tout pour les hommes, et rien pour Dieu ! Tout pour ce qui est rien, et rien pour ce qui est Tout ! L’image inanimée, est-elle donc plus que l’objet vivant ; le portrait muet, plus