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ensemble, et elle était couverte de lataniers. Deux chênes verts l’ombrageaient de leurs feuillages épais et de leur longue mousse. Elle y vivait solitaire. Elle y était occupée tout le jour à quelque travail des mains. La nuit, elle interrompait son sommeil pour regarder les étoiles et écouter le chant plaintif, monotone et passionné du whip-poor-will, éveillant tous les échos d’alentour. Elle faisait de chaudes couvertures avec des fourrures soyeuses ; des mantelets, avec des plumes diverses, artistement mariées ; avec les plumes de feu du cardinal et les plumes d’azur du geai, avec les plumes de neige du cygne et les plumes roses du flammant ; elle faisait des colliers avec des perles et des coquillages nacrés : Et, dans son riche costume, elle ressemblait elle-même à ces oiseaux éblouissants. Pour qui se parait-elle ainsi ? Avait-elle le désir de plaire à quelqu’un ? Et, à qui rêvait-elle, lorsqu’elle dormait sur la peau de tigre que son frère lui avait donnée ? O femme ! la coquetterie te suit jusqu’au fond du désert le plus reculé.

Atala avait trouvé une pirogue, que la haute marée avait portée jusqu’à la lisière de la forêt voisine de sa demeure. Dans cette frêle et légère embarcation, elle descendait les torrents, s’aventurait sur les lacs, et pénétrait dans les lagunes. Cette gracieuse nacelle, animée de l’esprit de celle qui la dirigeait, et la faisait glisser sur l’onde, tour à tour, paraissait, et disparaissait,