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de celles de l’eau ; elle nommait chacune d’un nom significatif,—la plante vénéneuse comme la plante salutaire, l’antidote comme le poison : Et les fleurs et les plantes lui parlaient de Dieu seul.

Autant que les fleurs, les étoiles attiraient ses regards ; elle observait le repos des unes et les mouvements des autres ; elle pouvait dire l’heure de la nuit par la position de tel groupe d’étoiles mobiles : Elle donnait à chacune un nom qui la désignait : Et les étoiles lui parlaient de Dieu seul.

Ses yeux ravis se portaient des fleurs, étoiles colorées de la terre, aux étoiles, fleurs lumineuses du ciel, et embrassaient l’horizon de verdure se confondant avec l’horizon d’azur, dans ce lointain indéfini qui attire et recueille l’âme contemplative et oublieuse d’elle-même, l’âme abstraite et concentrée : Et tout lui parlait de Dieu seul.

Isolée et libre, Atala avait souvent changé de demeure, selon la saison, ou selon l’avertissement secret d’une voix intérieure qui lui parlait souvent ; mais sa demeure préférée était sur le bord d’une ravine profonde, alimentée par les eaux vives de mille sources intarissables. Autour de cette demeure, croissaient des lataniers nombreux, dont les larges feuilles s’ouvraient en éventails. Parmi les grands arbres toujours verts qui y poussaient, on distinguait le chêne antique, le cyprès chevelu, le cèdre, le mélèse, le magnolia et le pin,—et, sous ces grands arbres, le laurier,