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Vierges ; les Muses sont les formes les plus ravissantes de la beauté idéale ; le vrai poète les invoque comme des divinités inspiratrices ; elles sont les filles du ciel, les gardiennes du feu sacré, et les dépositaires de toutes les lois de l’unité, s’épanouissant dans l’universelle diversité, qui resplendit à tous les degrés de la création.

Atala était donc poète ! Parler correctement, parler éloquemment, ce n’est pas être poète ; pour l’être, il faut parler divinement ; il faut faire chanter le langage imagé ; il faut y mettre le rythme de la musique ; en un mot, il faut y infuser ce je ne sais quoi d’intuitif et d’idéal : C’est d’en haut que le poète reçoit le mens divinior, le souffle inspirateur qui lui donne un caractère sacerdotal. On devient écrivain, on devient orateur ; on ne devient pas poète. Tous les plus grands prosateurs,—Platon, Bossuet, Fénélon, Chateaubriand, Lacordaire, Balmès, et tous ceux que je m’abstiens de nommer,—avaient tenté de devenir poètes, avant de se résoudre à n’être que prosateurs.

On a abusé, dira-t-on, on abuse de la poésie ; oui, mais l’abus d’un don divin n’en détruit pas l’excellence glorieuse. On abuse des plus sublimes facultés, et on abuse des plus saints mystères de la Religion : Faut-il pour cela éteindre ces facultés et retrancher ces mystères ? Comme la source divine dont elle découle, la poésie est éternelle. A l’origine des temps, elle