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elle avec tant d’éloquence et de poésie ; où il lui parlait dans les couleurs, les sons, les lignes, toutes les figures, toutes les formes, dont la diversité, qui descend de l’unité, y remonte, comme la fin répond au commencement dans le cercle, qui résume toutes les figures, et dont la somme est la sphère, emblème de Dieu.

Grande, fière et majestueuse, elle était vraiment l’imposante personnification de la nature austère et sauvage qui l’entourait. Sa longue chevelure noire ondoyait au vent comme la mousse qui pend des sombres cyprès du Sud. Ses yeux, aussi noirs que sa chevelure, avaient la profondeur mystérieuse des forêts, et rayonnaient, tantôt de la douce lumière de l’astre de la nuit : On eût dit, parfois, l’amazone guerrière, et, d’autres fois, le chaste génie des rêveries mélancoliques, la muse des tristesses du désert. On la comparait à Jeanne Marguerite de Montmorency, la Solitaire des Pyrénées.

Les oiseaux et les animaux, guidés par cet instinct qui ne les trompe pas, n’avaient aucune crainte d’elle ; car elle était imprégnée des mêmes parfums qu’eux, elle respirait le même air, buvait aux mêmes sources et dormait sur les mêmes herbes odoriférantes.

Elle rencontrait souvent des tribus errantes de peaux rouges, des caravanes de chasseurs indiens, qui l’avaient surnommée, « la Blanche Sauva-