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de cette douce et mélancolique enfant, qui, de son côté, pensait avec attendrissement à l’affliction de ses parents : Mais un aimant mystérieux l’attachait au désert ; elle s’y sentait comme enchaînée ; elle se trouvait enfin dans le sanctuaire qu’il fallait à son cœur recueilli, et à son esprit méditatif ; il lui semblait qu’elle était plutôt faite pour vivre avec les oiseaux qu’avec ses semblables ; dès le premier soir, quoiqu’elle éprouvât une étrange émotion, en se voyant perdue dans cette affreuse solitude, elle se fit un abri avec des branches vertes, et une couche avec des feuilles et de la mousse ; et, le lendemain, elle s’installa dans son inculte domaine, se nourrit de fruits cueillis ça et là, et étancha sa soif à une source voisine. Elle s’accoutuma, dès le premier jour, à cette vie nouvelle ; elle y trouva je ne sais quel charme austère ; elle n’était pas seule ; elle s’entretenait avec les fleurs, les oiseaux, les arbres, avec la terre et le ciel, avec toute la nature grandiose ; et en elle se développa un instinct, ou plutôt une intuition sympathique, qui la mit en rapport avec toutes les choses inanimées et avec tous les êtres vivants, dont elle était environnée ; elle les aimait, et elle semblait en être aimée : On eût dit une reine au milieu de ses sujets. Elle donnait elle-même des noms à tous les endroits, à tous les objets et à tous les êtres qui attiraient son attention. Elle avait ainsi composé un vocabulaire nouveau qui lui était propre. Elle inventa