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oui, l’âme, dans son immense amour et son insatiable besoin de bonheur, rêve l’Infini ! » Voilà ce que se disait tout bas, à elle-même, celle qui possédait tout, excepté ce qu’elle désirait le plus ; et n’avoir pas cela, c’est n’avoir rien, c’est manquer de tout ; l’âme vide s’élance sans repos vers le je ne sais quoi, qu’elle ne peut trouver ici-bas : « O Infini, que cachent tant d’ombres, ô Idéal, qu’enveloppent tant de voiles, quand pourrai-je te posséder ? » s’écriait l’enfant pour qui rien de tout ce qui captive le monde n’avait le moindre attrait, parce que son âme était captivée par la splendeur d’une vision céleste.

Ses parents, comprenant aussi peu que la fille du désert cette divine nostalgie qui la dévorait, consultèrent plusieurs médecins, qui tous recommandèrent le changement d’air, les distractions, et l’exercice modéré à pied ou à cheval, dans un autre lieu que celui de son séjour habituel. Dès le lendemain, ils partirent pour aller s’établir dans une campagne, où tout serait nouveau pour l’œil, et rien n’éveillerait dans l’âme aucune des impressions douloureuses du passé. Atala n’oublia pas de prendre avec elle un cahier, où elle avait transcrit les plus beaux passages des auteurs qu’elle avait lus : Elle avait ainsi composé un choix, selon son goût, de morceaux de prose et de poésie : C’était là le trésor de son âme.

Mais voilà que, pendant une de leurs promenades au milieu de la forêt, elle se sépara de ses