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à l’éloquence pittoresque de Lacordaire l’âpre et abrupte poésie de Lamennais ; après l’Antoniade, poème rival des plus beaux poèmes de Victor de Laprade, le Platon de la poésie française ; après Tegahwhita, ce poème anglais qui n’a paru que dans un journal, et qui, par ses hautes qualités dramatiques, par le souffle lyrique qui l’anime, mériterait d’être imprimé en Amérique et en Angleterre à vingt mille exemplaires ; voilà que tout-à-coup, au moment où l’on croyait que la source de l’inspiration était tarie pour Chahta-Ima, que la Muse était prête à l’abandonner, que « sa voix tombait et que son ardeur allait s’éteindre ; » voilà que son talent se révèle sous un forme nouvelle et imprévue, dans une œuvre vraiment admirable, qui est « his great work, » a dit un journaliste anglais du plus incontestable mérite ; qui a arraché des bravos à l’un des écrivains louisianais les plus distingués ; oui, voilà que, plus que sexagénaire, notre illustre compatriote enrichit la littérature de son pays d’une œuvre qui a quelque chose de l’harmonieuse tristesse des grands puis et de la sérénité silencieuse des forêts vierges. On y respire comme un souffle embaumé de la solitude ; on croit entendre, on écoute, dans ce livre, les graves mélopées, les majestueuses symphonies du désert.

« Si la Nouvelle Atala avait été écrite d’un style dur comme celui de Lamothe, ou dans une langue aussi lourde que celle de Condorcet, le canevas seul de cette légende indienne, si pathétique et si dramatique, eut touché et ravi le lecteur ; mais Atala est