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« Craindre la mort, ne pas désirer de mourir, est-ce aimer Dieu ? L’amour n’a qu’un désir, c’est de posséder l’objet aimé : Comment aimer Dieu, et vivre séparée de lui ? Oh ! quand la mort me donnera-t-elle des ailes pour m’envoler vers Celui que j’aime ? Oh ! quand serai-je unie à Celui-là, et à Celui-là seul ?

« J’entends sans cesse une voix qui me crie : « Monte, monte encore, monte toujours, monte jusqu’à la source même. » Je me sens attirée vers ces hauteurs toujours couvertes de neige, où règnent le silence, le calme et la solitude ; et d’où le regard ravi embrasse un incommensurable horizon… Oh ! que n’ai-je l’envergure du condor solitaire qui plane en souverain au-dessus des Andes et des Cordillières ?

« De ce côté de la tombe, oui, je le dis avec enthousiasme, les fleurs sont belles ; les oiseaux, mélodieux ; la forêt primitive, imposante ; le ciel étoilé, splendide ; toute la création, toute la nature est ravissante ; autour de moi, au-dessus de moi, tout est grand, tout est simple, tout est fécond, tout est magnifique ; mais tout cela n’est qu’un voile transparent : O mort, déchire ce voile, écarte ce rideau qui s’interpose entre Lui et moi, pour l’empêcher de se donner tout entier