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semble s’identifier avec moi, comme je m’identifie avec elle ; elle est animée de mon âme ; nous ne faisons qu’une seule ; elle va où je veux, et comme veux ; et nous nous enivrons de la joie que donnent la rapidité du mouvement et le caprice de la liberté.

« O moqueur, ô chantre merveilleux, ô inimitable imitateur, ô magique harmoniste, ô mon doux poète ! lorsque je t’entends chanter, pendant la nuit, sans te voir et sans suivre tes mouvements, je crois entendre un Esprit céleste qui emprunte à la musique idéale tous ses enchantements, pour ravir l’oreille et séduire l’âme. Ta voix ardente rayonne, éclate, se voile, et s’éteint d’émotion. Tu exhales en soupirs des notes si mélancoliques, et enveloppées de tant de mystère, des notes si passionnées, que je les écoute longtemps encore après leurs dernières vibrations, langoureusement prolongées comme les derniers accents inarticulés d’un adieu qu’étouffe un flot de larmes désolées ! … O harmoniste inspiré, ô mon doux poète ! ne chante plus comme je t’ai si souvent entendu chanter ; car je croirais que la terre est devenue le ciel : Et j’y resterais pour t’écouter toujours, ô mystique enchanteur !

« La vie est trop peu de chose, pour qu’elle serve à autre chose qu’à nous préparer à entrer dans une éternité d’amour, de joie et de gloire.