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CHAPITRE I

Dieu a mis dans le cœur de l’homme l’amour de la patrie. Il n’est pas d’homme civilisé qui ne préfère son pays à tous les autres pays. Il n’est pas d’homme, même sauvage, pour qui la terre natale ne soit la plus douce et la plus belle : Mais il vient un moment où tout homme supérieur, malgré cet amour inné, fatigué de l’isolement de sa grandeur, indigné de l’injustice, et de l’ingratitude, sent le besoin de s’éloigner de sa patrie et de sa famille : Nul n’est prophète dans son pays, nul ne l’est surtout parmi les siens : L’exil a toujours été la patrie de l’infortune délaissée et du génie méconnu ; l’exil a toujours donné l’hospitalité au malheureux, au persécuté, au proscrit ; l’étranger est pour l’exilé aussi sympathique et impartial que la plus lointaine postérité : L’expatriation devient donc un devoir, lorsque l’honneur n’est plus une gloire ; ni l’humanité, une vertu : Les ailes de la vapeur, alors, ne sont pas trop rapides pour emporter la victime de l’ostracisme vers d’autres rivages plus hospitaliers, fussent-ils placés au-delà du cap des Tempêtes.