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pirer dans les arbres frémissants et les herbes ondoyantes ; j’ai entendu sangloter les flots des mers sur les rivages déserts ; j’ai entendu des plaintes prolongées s’élever du fond des vallées et descendre du haut des montagnes : La thrénodie est universelle ! Ah ! je comprends qu’il en soit ainsi : La nature est à l’unisson de l’âme ; le chant de l’âme exilée est une mystique élégie.

« Se lever avant l’aurore, baigner ses pieds nus dans la source limpide, se sentir pénétrer par une fraîcheur embaumée, cueillir des fleurs encore humides des larmes perlées de la nuit, entendre le premier chant mélodieux de l’oiseau et le premier appel mugissant de la génisse, aspirer, avec des narines et des poumons dilatés, tous les souffles vivifiants qu’apporte la brise caressante,—Oh ! quelle joie ! La ville peut-elle nous donner une joie comparable à celle-là ? Cette joie, peut-elle se trouver dans le luxe éblouissant de la civilisation raffinée des égoïstes sociétés ?

« Respirer les parfums vierges des fleurs incultes, se plonger dans les torrents d’eaux vives, écouter les orageuses harmonies de l’orgue des forêts, sentir dans son âme un grand calme au milieu des agitations de la nature sauvage, oh ! quel indicible enivrement !