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« Une cabane, une source, un torrent, des arbres, l’étendue et l’horizon lointain, voilà mon royaume, voilà mon Eden ici-bas : Tout le reste n’est rien.

« Le faste éblouissant des palais et des châteaux cache plus de deuils et de pleurs que l’humble toit d’une cabane de latanier : Heureux l’Indien !

« Ce que nous désirons le plus ici-bas, ah ! voilà précisément ce que Dieu nous refuse, parce que, s’il nous l’accordait, nous oublierions le ciel sur la terre : L’exil deviendrait la patrie.

« Dans le monde, je n’était pas comprise : Comment aurais-je pu l’être ? Aimer, c’est deviner, c’est connaître. Le monde ne m’aimait pas… et je n’aimais pas le monde : Dieu nous a séparés.

« Egarée, et comme isolée dans un recoin obscur de cette immense terre, je te cherche, ô mon Dieu ; je t’appelle ; je crie dans le désert, comme le voyageur que la nuit y a surpris : Viens donc, ô mon Dieu ; parle à mon cœur ; laisse-moi entendre ta voix si douce dans la solitude ; j’ai besoin de toi pour continuer la route : Qu’importe où je sois, pourvu que je sois avec toi.