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âme, vers un seul objet, qui était leur soleil embrasant, leur unique centre d’attraction et de splendeur ; elle n’écrivait même plus : Excepté Dieu, tout s’était effacé, tout était oublié, rien n’existait plus pour elle.

« Hélas ! il y a quelque chose de si froid et de si profondément triste dans la réalité, que je ne comprends pas qu’une âme ardente ne rêve pas l’idéal, et n’y aspire pas de toutes ses forces : L’idéal, c’est le divin.

« Qui a jamais réalisé ce qu’il a rêvé, possédé ce qu’il a espéré, joui de ce qu’il a désiré avec le plus d’ardeur ? L’infini infranchissable sépare l’idéal du réel : Posséder, c’est se désenchanter.

« Je n’ai pas eu d’enfance, puisque mon enfance s’est passée dans l’enceinte étroite d’un couvent ; j’étouffais dans cette enceinte : Il faut à l’enfant le grand air, l’espace, l’activité ; il lui faut la campagne, les bois, le désert. O liberté ! quel nom te donner ? Tu agrandis l’âme et élèves l’esprit ; tu enivres et exaltes à la fois. Mais les conventions les contraintes de la société faussent et contractent la nature.