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les tendres de quelques jeunes lauriers ; et elle ne survécut pas longtemps à celle qui la caressait chaque matin, en lui disant : “Pâlki, va dans la forêt ; laisse-moi seule ; c’est l’heure de ma prière”.

Le Père Emmanuel, qui avait blanchi dans les missions indiennes, était de St-Malo ; il avait connu l’infortuné Lamennais et le magnifique Chateaubriand ; et, lorsqu’il quitta la France pour venir en Amérique, le sublime Ernest Hello grandissait en silence, et devait bientôt surpasser, par sa foi et son génie, et Lamennais et Chateaubriand.

Là où était autrefois le Grand-Ermitage, il ne reste plus aujourd’hui que quelques vieux chênes solitaires, et un groupe de mornes cyprès, dont les longs voiles de mousse, semblables à des linceuls, flottent mélancoliquement au-dessus de la place où fut le tertre de celle qui n’aima que Dieu seul sur la terre.

Ces choses du passé et du désert ont été racontées par une vénérable Indienne, qui avait vu cent vingt-cinq fois les feuilles des arbres tomber et couvrir la terre ; le temps semblait l’avoir oubliée sur la route des siècles, afin qu’elle gardât et transmit aux hommes ce qui n’était écrit que dans sa mémoire séculaire.

Hopoyouksa, comme il a été dit dans le cours de cette légende pathétique, s’enorgueillissait d’appartenir à la plus haute noblesse bretonne ;