destinée, l’âme fourvoyée erre au hasard, comme un météore sinistre qui porte avec lui, partout où il passe, dans sa course erratique, le désordre et le désastre ; et sa chevelure, qui flamboie, épouvante la terre, après avoir épouvanté les astres obscurcis !
« Vous le savez, celle qui repose là, elle a abrité sa vie dans l’Arche de l’Église ; elle est morte sous le pavillon sacré de cette même et seule Arche de salut. Languissante ici-bas, elle a sans cesse aspiré vers ce qui n’est soumis à aucune vicissitude, à aucune défaillance, à aucun terme ; et, pour atteindre l’Immuable, elle a aspiré jusqu’à échapper à la terre par l’ardeur de ses désires et l’élan de son amour. Elle n’a rien légué à personne, parce qu’elle ne possédait rien en propre, pas même elle-même ; elle s’était toujours efforcée de se détacher de tout, pour ne s’attacher qu’à Celui qui a été son Tout en toutes choses. A travers les ombres du temps et de l’espace, elle a toujours tenu ses yeux fixés sur l’Astre Eternel ; elle a vu et regardé au-delà des choses créées, au-delà des images qui changent et passent ; elle a vécu par anticipation dans la Réalité de l’Immuable ; au lieu de se baisser pour boire aux sources troublées de la terre, elle a bu dans la source même dont les eaux rejaillissent en la vie éternelle. « O mon Dieu et mon Tout, s’écriait-elle avec une amoureuse désolation, ô mon Bien-