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lui de parler le premier ; et il s’exprima avec cette simplicité, cette franchise et cette énergie que l’on aimait à entendre dans la bouche d’un missionnaire ; il n’avait pas à se préoccuper des habiles et timides précautions oratoires que sont obligés de prendre les célèbres prédicateurs ; il n’avait pas à s’embarrasser des susceptibilités d’un auditoire difficile et raffiné : Il s’exprima donc en ces termes :

« Habitants de cette forêt, âmes affligées,—père, frère, sœur, servante fidèle, amie dévouée,—comment avez-vous été réunis dans un même séjour ? Quel instinct mystérieux, quelle force irrésistible, quel aimant sympathique vous a attirés ici ? … Un père retrouve son enfant ; un frère et une sœur, leur sœur ; une douce esclave, son affectueuse maîtresse ; —et, au moment où ils se reconnaissent et vont jouir de ce bonheur inattendu, la mort les sépare ! En vérité, l’extrême joie touche à la douleur extrême ! Oh ! qu’ils sont inscrutables, les décrets du Maître de la vie et de la mort !

« Celle qui repose là, étendue sur une peau de bison, sur des fleurs incultes et des plantes aromatiques ; cette enfant, élevée dans le luxe, l’abondance et la splendeur, oui, celle-là, elle aima tant la liberté qu’elle lui sacrifia tout, oui, tout ! Pour échapper à l’esclavage du monde, et à l’oppression d’un homme, elle se donna entièrement à Dieu, et aux choses de l’esprit ; elle n’a pas