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CHAPITRE X


Un silence profond et une tranquillité solennelle régnaient dans la forêt. Atala avait tellement sympathisé avec la nature, pendant sa vie, que la nature semblait sympathiser avec elle, après sa mort ; elle retenait, pour ainsi dire, sa respiration, à la vue de cette vierge exposée, sur le front de laquelle la mort venait d’imprimer la pâleur de la froide fleur des tombeaux.

Atala, enveloppée d’une couverture blanche qui lui servait de linceul, reposait sur un lit de fleurs et de plantes odoriférantes, comme si elle se fût endormie du sommeil de l’extase. Plusieurs fois déjà, Etoile et Pâlki étaient venus flairer les pieds glacés de leur maîtresse inanimée. Un grand nombre d’Indiens étaient assemblés autour de la jeune morte qu’ils pleuraient. Il y avait aussi beaucoup des métis, et quelques pâles-visages qui avaient adopté la vie des peaux-rouges.

Le Père Emmanuel, Hopoyouksa, Issabé, Lossima et Rosalie se regardaient, sans pouvoir rompre le silence qui pesait sur leurs cœurs de tout le poids des réflexions que leur suggérait le spectacle attendrissant qui était sous leurs yeux mouillés de larmes. Le Père Emmanuel rompit enfin ce douloureux silence ; c’était, en effet, à