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un des oncles de Pakanli, apprenant qu’elle avait épousé un étranger au pâle visage, un homme d’une autre race et d’une autre terre, fit un long voyage pour venir la prendre et l’enlever. Arrivé sur le bord de l’Itoumikbi, où était sa cabane, à la faveur des ombres de la nuit et de l’absence du Français, il vint la surprendre ; et, la plaçant, elle et son enfant, sur le dos d’une jument noire, il partit en toute hâte avec sa nièce éplorée : On eût pu suivre leurs tracas par les larmes que versa cette épouse arrachée à son époux chéri ! Ils voyagèrent pendant plus d’une semaine et arrivèrent enfin sur le bord de la rivière Amite. Manquant entièrement de provisions depuis deux jours, l’oncle barbare tua la jument, et ils se nourrirent de sa chair pendant presque une lune. Plus tard, Pakanli se fixa avec d’autres Indiens, sur le bord d’une rivière profonde et limpide, à laquelle les peaux-rouges avaient donné le nom de Talonshik, et qui se jette dans la Tauchipaho. Elle venait, trois ou quatre fois chaque année, au Grand Village des Blancs, pour vendre des paniers, des racines de sassafras, et maintes plantes aromatiques liées en petits paquets. Elle y vint un été, où la fièvre jaune et le choléra, sévissant avec une cruelle violence, ravageaient la population désolée. Elle tomba malade, peu de jours après son arrivée ; et, se traînant avec son enfant jusqu’à l’habitation d’une famille française qu’elle connaissait, elle y fut accueillie et soignée avec