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profondément émue : « Maîtresse, l’heure est venue ; je vous ai promis de vous dire tout ce qui vous intéresse ; il est temps d’accomplir ma promesse ; écoutez bien, chère et douce maîtresse ; et vous qui êtes présents, écoutez aussi ce que je vais vous révéler, après en avoir gardé le secret si longtemps : Il y a une cinquantaine d’années, sur le bord de la rivière Itoumikbi, dans l’Alabama, naquit une enfant d’une beauté remarquable. Ses parents la nommèrent Pakanli, La Fleur, tant elle était belle. Lorsqu’elle vint au monde et fut mise par sa mère dans son berceau d’écorce, le soleil se voila devant les rayons de la beauté de cette enfant. A l’âge de vingt ans, elle fut donnée en mariage à un Grand Chef Séminole, aussi sage dans les Conseils que brave sur le champ de bataille. Pakanli eut de ce Chef deux enfants, un fils et une fille. Lorsque l’aîné de ces enfants avait à peine trois ans, ce Chef fut tué dans une guerre avec les Américains. Il est mort en défendant son pays et en combattant pour la liberté. Veuve depuis deux ans, et vivant seule avec ses deux enfants sur le bord de l’Itoumikbi, Pakanli travaillait sans cesse pour gagner de quoi se nourrir et nourrir ses enfants. Il vint en cette région un Français qui voyageait, disait-on, pour observer et étudier les mœurs des différentes tribus indiennes. Ce Français rencontra un jour Pakanli traversant la rivière dans son canot d’écorce. La voir, c’était devenir son