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sumé par cette nostalgie devine qui devait, dans quelques jours, la délivrer de l’esclavage de la matière : Le parfum de l’immortalité allait bientôt se détacher de la fleur penchée vers la tombe !

Depuis qu’Atala s’était égarée dans les bois, et y avait vécu séparée de ses parents, les arbres avaient vu dix fois tomber leurs feuilles, au souffle de l’automne, et dix fois reverdir d’autres feuilles, un vent froid faisait tourbillonner les feuilles mortes dans l’air et en jonchait le sol déjà presque dépouillé de verdure. Atala était couchée sur une peau de bison, épuisée par la fièvre, et plus pâle que le pâle automne. A ses pieds reposaient, l’un à côté de l’autre, Etoile et Pâlki ; Hopoyouska était appuyé contre le tronc moussu d’un morne cyprès ; Issabé se tenait debout et immobile, en face de Hopoyouksa ; et Lossima était à genoux, et priait auprès de la couche de la malade, résignée, et cependant impatiente de prendre son vol et de planer parmi les anges. On avait fait venir le Père Emmanuel, qui eut un long entretien avec elle. Après les cérémonies touchantes de la Religion, avant les derniers moments de la vie, Atala sembla renaître ; son visage s’anima ; ses yeux prirent un éclat et une expression inaccoutumés ; elle sourit avec mélancolie, en jetant un regard affectueux sur ceux qui l’entouraient : C’est alors que Rosalie s’avança, lui prit la main, et lui dit, d’une voix