et la justification aux pécheurs : » Ainsi, dans l’ordre religieux,
« Les Mystiques, dans tous les temps, malgré leur vie contemplative, loin d’abandonner complètement le monde, cherchaient à lui communiquer par leurs enseignements, par leur zèle, par leurs encouragements, la paix qu’ils avaient trouvée pour eux-mêmes : Leurs efforts venaient-ils à être repoussés, alors leur charité se changeait en zèle ardent ; ils attaquaient avec vigueur ceux qui opposaient de la résistance et s’exposaient ainsi nécessairement à leur tour aux attaques les plus passionnées. Tel fut le doux, l’aimable, le profond Jean Tauler, doctor sublimiset illuminatus. »
Mais il est temps de terminer cette préface, et nous allons la terminer par un passage éloquent du Père Lacordaire : « La solitude est la demeure éternelle de toutes les pensées : c’est elle qui inspire les poètes, qui crée les artistes, qui anime le génie sous toutes les formes et sous tous les noms. La Muse antique habitait les sommets déserts du Pinde, elle conduisait Homère aveugle le long des rivages nus de l’Ionie ; et celle qui chantait en Juda les mystères lointains du Christ se plaisait aux grottes sacrées du Carmel. Mais la solitude, quand c’est Dieu qui la fait, a une compagne qui ne se sépare pas d’elle ; c’est la pauvreté : Être pauvre et solitaire, voilà le secret des héros de l’esprit. »
« Dieu savait tout ce que l’unité violente renferme de despotisme et de malheur pour la race humaine, et il nous a préparé dans les montagnes et dans les déserts des retraites inabordables ; il a creusé la roche de Saint Antoine et de Saint Paul, premier ermite ; il a tressé avec la paille des nids où l’aigle ne viendra pas ravir les petits de la colombe. — Ô montagnes inaccessibles, neiges éternelles, sables brûlants, marais empestés, climats destructeurs, nous vous rendons grâces pour le passé, et nous espérons en vous pour l’avenir ! Oui, vous nous conserverez de libres oasis, des thébaïdes solitaires des sentiers perdus ; vous ne cesserez de nous protéger contre les forts du monde ; vous ne permettrez pas à la Chimie de prévaloir contre la nature, et de faire du globe, si bien pétri par la main de Dieu, une espèce d’horrible et étroit cachot, où l’on ne respirera plus librement que la vapeur, et où le fer et le feu seront les premiers officiers d’une impitoyable autocratie. »