Page:Rouquette - L'Antoniade, 1860.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


« Levier que Satan meut pour soulever le monde :
« Pour casque prends la foi, la croix pour bouclier,
« Mets dans la vérité ton espoir tout entier,
« De ton verbe vengeur frappe avec énergie
« Les apôtres menteurs de l’antique magie ;
« Ose arracher leur masque, et flétris de tes vers
« Ces fils de Belzébuth, ces poètes pervers,
« Qui, prostituant l’art et la sainte harmonie,
« Au prince de l’Enfer ont vendu leur génie,
« Traîtres sous l’étendard de Lucifer rangés,
« Cygnes harmonieux en Cerbères changés :
« Oui, barde de Sion, la lyre est une épée,
« Une arme vengeresse et fortement trempée ;
« Lève-toi donc enfin, poète doux mais fort ;
« Le barde est un soldat, un Simon de Montfort ;
« Songe, de l’héroïsme en nous donnant l’exemple,
« Que le ciel est pour toi, que Rome te contemple ! »

Séparateur



Les Royautés et la République Américaine.

Séparateur


 
Gardienne des Beaux-Arts et de la Vérité,
Métropole divine, éternelle Cité,
Ô Rome, vainement, contre tes Saints Pontifes,
Ont lutté tant de rois, aux titres apocryphes ! —
 De mon sauvage abri, qu’eût envié Bruno,
Ô Pontife martyr, ferme Pio Nono,
Je vois, sur les grands flots, ta nacelle agitée,
Que menace en ces jours la Politique athée :
Mais je ne tremble pas pour elle ni pour toi ;
Je prie en ma cellule, et j’espère et j’ai foi !
En voyant se liguer tant de lâches Puissances,
D’hypocrites fauteurs de toutes les licences,
Des révolutions instigateurs peureux,
Esclaves serviteurs du Prince Ténébreux ;
En voyant contre toi, pour prendre la Romagne,
Et la France, et l’Autriche, et l’inactive Espagne,
À la rébellion prêter leur saint appui ;
En les voyant se taire, ou défier Celui,
Qui représente Dieu, qui remplace Saint Pierre,
Qui de la Foi divine est le dépositaire ;
Ah ! mon cœur indigné, mon cœur ne comprend pas,
Que Dieu souffre un seul jour ces tyrans apostats !
Non, il ne comprend pas l’Europe Catholique,
Qui souffre de ces rois l’esprit machiavélique !
Des peuples, sans vigueur dans leur abaissement,