Des lacs et des fleuves sauvages,
Ô sublime vainqueur ;
Calme dominateur
De l’empire des grands orages,
Messager de la foi,
Vole au loin avec moi !
Coursier, dont la vapeur est l’âme,
Dans ton magique élan,
Jusqu’au froid Michigan,
Coursier, que mon zèle réclame,
Messager de la foi,
Au loin emporte-moi !
Emporte-moi vers les peuplades
Des bois du Nébraska,
Des bords de l’Itaska ;
Au milieu des tribus nomades,
Messager de la foi,
Au loin emporte-moi !
Chauffe, et verse à flots le bitume,
La résine de pin,
Sous ton volcan d’airain,
D’où la vapeur s’échappe et fume ;
Messager de la foi,
Au loin emporte-moi !
J’irai, loin des Pâles-visages,
Loin des scribes marchands,
Plus froidement méchants
Que les Pieds-Noirs et les Osages !
Messager de la foi,
Loin d’eux, emporte-moi !
J’irai, de cabane en cabane,
Aux Indiens naïfs,
Aux hommes primitifs,
J’irai, de savane en savane,
Au loin, dans chaque lieu,
Porter la loi de Dieu ;
Oui, j’irai, dans tous les Villages,
Évangéliser les Sauvages !
« C’est Dieu qui fit les bois, et l’homme les cités ! »
Viens, loin des Blanches-peaux, loin des cœurs agités :
Soumis, dans leur mollesse, aux plus vils esclavages,
Les sauvages bourgeois nous appellent Sauvages !
Du luxe et de l’argent fiévreux adorateurs,
Ils sont tous corrompus s’ils ne sont corrupteurs !