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La Muse et le Poète.

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le poète.


Seul avec l’Idéal et seul avec la Muse,
Virginale ermitesse, extatique recluse,
Loin de la foule hostile, oh ! qu’il est doux d’errer !
Dans les forêts de Dieu, qu’il est doux de prier !
Qu’il est doux d’écouter la harpe universelle,
L’océan d’harmonie où chaque, voix ruisselle ;
La sainte mélopée, en ses accords divers,
S’élevant vers le ciel du sein de l’univers !
Qu’il est doux d’écouter le vent dans le feuillage,
La musique des flots expirant sur la plage !
Mais, au sein des cités, mais parmi les humains,
Les rires sont mêlés à d’horribles refrains ;
On n’entend que discords, redits sur chaque lyre,
Ou d’amère tristesse ou de sombre délire ! —
Le siècle est ballotté sur des flots désastreux ;
Comme son action, son repos est fiévreux ;
Plus il a pu jouir, et plus il est avide ;
Son cœur inassouvi s’agite dans le vide ! —
Ah ! je comprends mon siècle et je souffre avec lui ;
Sa plainte, au fond de moi, sans cesse a retenti ;
Ému de ses accents de doute et de souffrance,
Je veux chanter la foi, l’amour et l’espérance ;
Et par de saints concerts combattant ses discords,
Suivre l’âme affranchie en ses divins transports ! —
Ô Muse solitaire, épouse rayonnante,
Sois pour moi ce que fut Béatrix pour le Dante ;
De mon vol idéal sois le guide assuré ;
Trace-moi le chemin vers un monde éthéré !
Pour te suivre au séjour de céleste harmonie,
Que l’amour dans mon cœur, remplaçant le génie,
Fasse luire à mes yeux, dans un ciel toujours pur,
Et ta robe étoilée et ton manteau d’azur !


la muse.


Dieu ne t’a pas donné la force d’un athlète, —
Mais ton âme contemple et ton esprit reflète,
Sur la lyre éveillant un triple et doux écho, —
Le prisme harmonieux du Vrai, du Bon, du Beau !
Dieu ne t’a pas donné la force d’un Hercule,
Mais dans l’obscur désert, dans l’étroite cellule,
Tu prépares sans bruit, en priant en secret,
Une œuvre qui sur l’âme exerce un saint attrait !