Et si le repentir, à votre heure suprême,
Avec des pleurs d’amour n’enlève l’anathème ;
Si vous ne courbez pas, en face du cercueil,
Votre front pénitent, découronné d’orgueil,
L’horrible éternité scellera de sa flamme
La marque indélébile imprimée à votre âme !
L’orgueil de Lamennais, Tertullien breton, —
Semblable au Révolté que nous dépeint Milton, —
Aveugle en sa fureur, osa, comme tant d’autres,
Heurter le Roi-Pontife, Apôtre des apôtres ;
Chaque nouvel effort, et chaque nouveau choc,
Voit le Géant debout sur l’immobile roc,
Le front toujours serein, au dessus des orages,
Comme un phare allumé sur la route des âges ;
Sur l’immobile roc, contre lequel l’erreur,
Impuissante toujours, vient briser sa fureur !
Rome.
Ô Rome, dont le nom veut dire, amour et force,
Se séparer de toi, c’est un fatal divorce !
En vain, sans toi, voudrait marcher le genre humain :
L’enfant qui veut marcher a besoin d’une main !
Seule, tu tiens les Clés du ciel et de la terre,
Les Clés par Jésus-Christ remises à Saint Pierre.
Ô Rome, Cité sainte, arche de vérité,
Lien universel des cœurs dans l’unité,
Ainsi que le soleil, éternelle, immobile,
Tu ranimes au loin chaque peuple débile ;
À tous les points connus ton empire s’étend ;
Tu luis sur l’océan, comme un astre éclatant !
Seule, tu tiens le fil de l’obscur labyrinthe,
Où l’orgueil égaré n’avance qu’avec crainte !
Ô Rome, tu le sais, mon cœur, plein de repos,
Chante au bruit de la foudre et du vent et des flots !
Tandis que tu soutiens la lutte universelle,
D’un mystique sommeil je dors dans ta nacelle ;
Je ne crains pas l’orage où le Maître est présent ;
Il peut calmer la mer d’un signe ou d’un accent ;
Et d’un rayonnement de son divin visage
Ranimer mon espoir en face du naufrage !
Non, non, je ne crains pas qu’en déchaînant la chair,
Prévalent contre toi les Portes de l’Enfer !
L’Église, c’est le temple aux piliers de porphyre,
Où réside l’Esprit qui l’appuie et l’inspire ;