Page:Rouquette - L'Antoniade, 1860.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Qu’il brandisse le sabre, en menaçant la Croix ;
Qu’il ose !… et c’en est fait de Napoléon Trois !  !
J’ai vu tous les efforts de l’inique Angleterre,
Sur son trône sali du sang de l’adultère ;
Oui, j’ai pu contempler, dépeinte par Cobbett,
L’Église qu’enfanta la vierge Élisabeth ;
L’Église dont la reine est aussi la papesse,
Hybride autorité d’une Anglicane espèce !
Dans leur rage impuissante et leur impiété,
Tous les Rois sont ligués contre la Papauté :
Mais l’audace du crime appelle la vengeance ;
Les forfaits du Pouvoir hâtent sa décadence ;
Et lorsque sonne enfin l’heure du châtiment,
Le Nord entend ce cri : Dieu le veut ! en avant !
Et soudain se gonflant, les noirs torrents de Slaves
Sur les peuples du Sud tombent comme des laves ;
Et laissant après eux le désastre en tout lieu,
Le Sud entend ce cri : C’est le fléau de Dieu !
 Ô folles royautés, nations décrépites,
Entendez-vous frémir les hordes moscovites ?
Entendez-vous le bruit de leurs pas belliqueux,
Formidable ouragan, tourbillon orageux ?
Gardez donc le silence, et rentrez en vous-mêmes ;
Humiliez vos fronts, foudroyés d’anathèmes :
Auprès de vos forfaits, nos actes criminels
Semblent, il faut le dire, à peine véniels !
Avant d’injurier la jeune République,
De vos crimes légaux parcourez l’historique ;
Et quand vous aurez lu tant de décrets pervers,
Osez, peuples vieillis, osez vous montrer fiers !
Royaumes très-chrétiens, Protecteurs catholiques,
Césars, fils de l’Église, Empereurs despotiques,
Princes dégénérés, orgueilleux Potentats, —
Quel esprit a tramé vos subtils Concordats ?
Quel esprit inspira vos roués Diplomates,
Du pouvoir temporel serviles automates,
Lorsque se proclamant les soutiens de la foi,
Au Souverain Pontife ils ont dicté la loi ?
Quel esprit l’animait, quand, de Rome affranchie,
On vit, pour s’agrandir, lutter la Monarchie ?
Le glaive, empiétant sur le Spirituel,
Venait-il de l’enfer, ou venait-il du ciel ?
Et c’est la Monarchie, en son indépendance,
S’affranchissant du frein de toute obéissance,
Qui reproche, en ces jours, à notre liberté
De secouer le joug de toute autorité ?
Ah ! son hypocrisie égale son audace ;
Et lorsqu’à son insulte elle joint la menace,
La jeune République, insensible à ses cris,