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Comme la foudre au ciel, son éloquence éclate !
Élu par le Pontife, il est l’homme de Dieu ;
Son céleste pouvoir est le même en tout lieu ;
Comme un linceul de neige, il a revêtu l’aube ;
Orphelin, pour patrie il adopte le globe !
Sans famille charnelle et sans postérité,
Son amour virginal étreint l’humanité !
Dans sa sainte folie et son pieux délire,
Il affronte la mort et sourit au martyre !
Des vertus de son Maître épanchant les parfums,
Apôtre pacifique, aux luttes des tribuns
Sa voix grave jamais ne s’est désaccordée :
C’est vers les hauts sommets que son âme est guidée !
Au tribunal sacré, dans la chaire, à l’autel,
Il exerce un pouvoir toujours surnaturel ;
Et tout illuminé d’une sereine étude,
Son esprit pour agir sort de la solitude ;
Le repos le prépare aux chocs de l’action,
Et son silence même est une instruction !
Qu’on le fête ou proscrive, il accomplit sa tâche ;
En dehors des partis, au seul Christ il s’attache ;
Et n’aimant qu’en Lui seul patrie, amis, parents,
Son bonheur est plus calme et ses regrets moins grands !
Comme un phare immobile au sein des sombres vagues,
Sa foi domine en paix tous les systèmes vagues !
Impassible, son cœur, calmant les passions,
Dans leur marche vers Dieu, guide les nations !
Sous toute monarchie et toute république,
Le prêtre, en servant Dieu, sert la chose publique ;
En tous lieux, le pouvoir le trouve obéissant ;
Il souffre et meurt, s’il faut, — autre Christ innocent !
En son indépendance et sa mansuétude,
Il résiste à l’instinct qui meut la multitude ;
Et quand tous sont muets, saisis de lâcheté,
Il ose au peuple-roi dire la vérité !
S’il ne peut enseigner, il intercède et prie ;
Et comme il absout l’âme, il sauve la patrie !
Tour-à-tour, en son zèle, ou Moïse ou Saint Paul,
Sa bénédiction coule à flots sur le sol !
Sans aigreur, amertume ou froide raillerie,
Il désarme l’orgueil de l’hostile hérésie ;
Et, parlant à la foule avec autorité,
Montre autant de douceur qu’il a de fermeté !
Détaché des parents, du sol, et de soi-même,
Le prêtre est comme l’Ange, et c’est Dieu seul qu’il aime
Cosmopolite errant par son apostolat,
Il puise l’héroïsme au sein du célibat !
Au-dessus des partis, dans leur effervescence,
C’est pour les rapprocher qu’intervient sa puissance ;