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En fuyant la cité, j’adopte pour séjour
L’antre où pénètre à peine un seul rayon du jour !
Le salut de mon âme est mon unique affaire ;
Le salut de mon âme, à tout prix sur la terre ! —
À quoi me servirait de gagner l’univers,
S’il me fallait, après, tomber dans les enfers ? —


emmanuel.


Chaste exaltation, extase virginale
D’un cœur qui chante à Dieu son hymne triomphale !
Je t’admire, ô Marie, en ta sage ferveur,
Ne voulant pour Époux que le Divin Sauveur ! —
Solitude du corps, solitude de l’âme,
Sainte virginité, tu relèves la femme !
C’est par toi qu’elle est reine, et que son cœur aimant
Pour n’y chercher que Dieu, s’élance au firmament ;
Par toi qu’en son amour, son repos extatique,
Elle puise sans cesse une ardeur séraphique ! —
Toute âme, assujettie aux voluptés du corps,
Se dissout dans l’ivresse et s’épanche au-dehors !
L’enthousiaste instinct, la force et la constance,
La charité martyre est dans la continence !
Je t’admire, ô Marie, en ta sage ferveur,
Ne voulant pour Époux que le Divin Sauveur ! —


marie-antonie.


Fais plus que m’admirer ; — imite-moi, mon frère !
Laisse-toi soulever au-dessus de la terre !
De l’amour en ton cœur suis le mystique attrait :
Quel trésor de ce monde est digne d’un regret ?
Ou l’enfer ou le ciel, telle est ta destinée ;
Ta fin, malgré les biens, la gloire et l’hyménée…
Marche ! marche toujours ! — Ah ! quel que soit l’accueil
D’un monde mensonger, le terme est le cercueil !
L’orage, en soulevant des vagues ennemies,
Sépare chaque jour bien des barques amies !
Du bonheur espéré nul ne cueille la fleur,
Et plus l’espoir fat grand, plus vive est la douleur !