Ernest, âme expansive ; Ernest, esprit de flamme,
Où semble respirer tout le cœur de la femme ;
Ernest, douce nature, épanouie un jour
Aux plus chastes rayons du soleil de l’amour ;
Ernest, — malgré la joie et malgré les tristesses,
Resté toujours fidèle à toutes ses promesses ;
Ami le plus intime et frère de mon choix,
Lui qui m’aime aujourd’hui plus encor qu’autrefois !…
Mais, malgré l’amitié, languissant de souffrance,
Triste, je m’écriais, sous le ciel de la France :
« Ah ! laissez-moi partir, et retourner joyeux
Vers mon Fleuve natal et mes climats heureux !
Laissez-moi retourner au sol de mon enfance,
Dans les bois où j’errais, sans guide et sans défense !
Laissez-moi, laissez-moi retraverser la mer :
Même avec l’amitié, que l’exil est amer !
La fleur d’un sol lointain, que la brise transplante,
Sous un ciel étranger s’incline languissante ;
L’oiseau, que l’ouragan égare au loin sur l’eau,
Rêve à son nid bercé sur le natal rameau ;
Le fleuve, en s’éloignant de sa source isolée,
À l’Océan amer mêle une onde troublée :
L’homme, plus que la fleur, que le fleuve et l’oiseau,
De la terre d’exil aspire à son berceau ;
Il ne peut oublier le sol de son enfance,
Et sur le toit natal l’arbre qui se balance ;
L’arbre aux rameaux ombreux, que son père a planté,
Et dont son frais berceau fut jadis abrité ! »
L’Enfance.
Aimable autant qu’aimante, en sa frêle innocence,
Qu’elle est belle l’enfance et sainte en sa beauté ;
Qu’elle est pleine de grâce et de simplicité,
D’angélique candeur ! — Qu’elle est belle l’enfance !
Respire-t-il un cœur assez dur et glacé
Pour qu’à l’aspect joyeux d’un bel enfant d’élite, —
Aussi chaste que l’Ange à son côté placé, —
Ce cœur, tout attendri, ne s’émeuve et palpite ;
Pour qu’en voyant un front, où rayonne l’esprit,
Comme l’aube inondant un jardin des tropiques,
Ce cœur, illuminé comme un ciel qui sourit,
Ne tressaille, embrasé de rayons prophétiques :