« La lyre peut chanter tout ce que l’âme rêve
Comme si l’on pouvait, poète audacieux,
Traduire un rêve impie en vers licencieux !
Comme si l’on pouvait des mauvaises pensées
Réaliser le crime en phrases cadencées !
Et comme si de l’Art, — l’Art du ciel descendu,
Le souffle inspirateur n’était pas la vertu !
La Louisiane et la Nouvelle-Orléans.
Le culte du berceau, le culte de la tombe,
On le trouve partout, quand tout le reste tombe !
L’amour de notre mère, après l’amour de Dieu,
L’amour de la patrie, on le trouve en tout lieu !
Je te dois et te garde à jamais, ô patrie,
Un amour filial, un culte de latrie ;
Et tu seras toujours, « après celle des cieux »,
La plus douce à mon cœur, la plus belle à mes yeux !
L’image de ma mère, en ton sein endormie,
À ton grand paysage est à jamais unie ! —
Louisiane, ô patrie, ô fertile jardin,
Que tous ont salué du nom sacré d’Éden ;
Toi, Reine du Midi, rivale des Florides,
Qu’embaume de ses fleurs l’arbre des Hespérides ;
Toi, qui vois chaque année, au bord des grandes eaux,
S’épanouir ta soie et mûrir les roseaux :
De ta gloire, ô patrie à mon âme si chère,
Audubon et Viel ont ouvert la carrière.
De sa hauteur bientôt écrasant tes bazars,
S’élèvera pour toi le temple des Beaux-Arts ;
Et tes fils, s’inspirant de tes fraîches légendes,
Tresseront pour ton front d’immortelles guirlandes !
Déjà, de ton berceau l’éloquent Gayarré
Avec soin recueillant chaque fruit sacré ;
Dans un livre, où reluit ta poétique gloire,
De tes plus beaux exploits nous a tracé l’histoire ! —
Et le chaste Dugué, poète aux doux accents,
Dont l’esprit radieux plane au-dessus des sens,
De la savane immense invoquant le Génie,
A traduit dans ses vers ta plaintive harmonie. —
Et le pieux Faget, par de savants travaux
Disputant la médaille à d’illustres rivaux,
A lié la Science à la Philosophie, —
Car la matière tue et l’esprit vivifie ! —