Charnelle pythonisse, au mystique langage,
Elle érige un autel à son libertinage ;
Et sous un voile saint dérobant ses appas,
Elle attire avec art l’insensé sur ses pas
Ô femme ! dans ton sein toute erreur se féconde ;
Par toi toute hérésie a fait le tour du monde ;
Du mal, plus que du bien, connaissant les excès,
C’est par toi que Satan obtient tous ses succès ;
Par ta bouche, éloquente en phrases hypocrites,
Toute doctrine impure a fait ses prosélytes :
L’Orient, l’Occident, le Nord et le Midi,
L’univers tout entier sans cesse a retenti
Du bruit contagieux de tes pieux scandales !
Tes pieds dans le faux temple ont usé leurs sandales !
Et chaque antre infernal, chaque infernal autel
T’a vue agenouillée, et reniant le ciel !
Ô femme ! du bonheur éblouissant mirage ;
Sur des flots attrayants, Sirène de naufrage ;
Par toi vers le malheur tout chemin est tracé ;
Dans le crime avec toi l’homme en vain s’est lassé :
Faible esclave toujours, l’homme abaisse son âme,
L’homme éteint son génie aux amours de la femme ;
Aveugle adorateur de l’ange des enfers,
Il s’endort dans l’ivresse au doux bruit de ses fers !
Le peuple Américain, peuple gynécolâtre,
Contre la chair n’a point d’armes pour me combattre ;
Captif et désarmé, par Dalila je veux,
De ce jeune Samson voir tomber les cheveux ;
Énervé par le luxe autant que par la femme,
Dans un culte fatal j’enchaînerai son âme !
S’enivrant du poison que l’amour prépara,
Aux pieds d’Omphale reine Hercule dormira !
Mon maître et roi puissant, qui bâtis sur la terre,
Avec l’autel brisé, ton trône populaire :
Quand tu levas au ciel l’étendard de l’orgueil,
Je suivis ta révolte et je porte ton deuil !
Vaincu par Saint-Michel, sans vouloir me soumettre,
L’amour a déserté l’abîme de mon être !
Mon orgueil se complaît dans l’erreur et le mal ;
Le désordre est pour moi le seul état normal ;
Mon désespoir sans fin alimente ma haine ;
Je voudrais agrandir l’éternelle géhenne !
Dans les flots lumineux d’un fluide éthéré,
Où réside du feu le principe sacré ;
Dans le Royaume Astral, temple de la Magie,
Des Puissances de l’air concentrant l’énergie,