Que du fond lumineux de l’abîme azuré,
Où dans son vol hardi nul ne s’est égaré,
Mon œil, de l’Atlantique allant au Pacifique,
Parcourant le rail-way, le fil télégraphique,
Contemple, en tous les sens, de magiques réseaux,
Rapprochant les États, plus frères que rivaux :
Oh ! quel éclair alors jaillira de mon âme !
Quel chant patriotique et quels accents de flamme,
À l’aspect glorieux du drapeau constellé,
Par l’aigle Américain au soleil déroulé !
Quels accents, répétés du couchant à l’aurore
Par chaque voix émue et chaque écho sonore !
C’est maintenant le siècle des progrès ;
Se reposer, c’est abdiquer l’empire !
Laissons les morts dormir sous les cyprès !
Au froid sommeil, préférons le délire !
Laissons les morts ensevelir les morts ;
Aux cœurs glacés laissons les cimetières ;
L’esprit vainqueur a soumis tous les corps ;
C’est maintenant le siècle des lumières !
Le plus hardi des voyageurs,
Prolongeant partout mes veilles,
Volant de splendeurs en splendeurs,
De merveilles en merveilles,
J’ai vu les châteaux, les palais
De tout l’Orient féerique :
Rien n’approche de mes forêts ;
Rien n’égale l’Amérique ;
Rien n’est beau comme l’Occident,
Avec sa bannière étoilée,
Sous le soleil déroulée,
Et son Grand Peuple indépendant !
Ce Grand Peuple, à l’âme saxonne,
Jamais, jamais ne s’émeut ;
D’aucun obstacle il ne s’étonne ;
Tout ce qu’il veut, il le peut !
Bien n’arrêtera son élan !
Propageant la République,
Sur les ailes de l’ouragan,
Il atteindra le Mexique !
Il a vu l’Aigle et le condor,
Planant au-dessus des Andes,
Des deux Amériques si grandes
Prophétiser l’âge d’or ! —
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