donnent ses campagnes et ses populeuses cités, n’apportent que la médiocrité sur nos rivages hospitaliers ; et l’Évangile ne trouve qu’une incomplète réalisation sur le plus vaste théâtre et sous la plus belle Constitution, qu’ait jamais formulée le génie humain ! — Mais, loin de nous ces doutes, ces pensées de désespoir, que le préjugé et la passion seuls ont pu inspirer à la lâcheté de quelques esprits malades ;
La religion et la civilisation émigrent vers l’Occident ; la vie et l’avenir appartiennent à l’Amérique ; ses forêts primitives offriront de saintes thébaïdes, des solitudes profondes, aux âmes qui, fatiguées des agitations du siècle, veulent se reposer en Dieu seuil Et si la foi des fidèles était assez affaiblie, leur charité assez refroidie et leur hostilité assez aveugle, pour oublier ce que Marthe doit à Marie : Eh bien ! la nature est assez fertile, les lacs et les rivières sont assez poissonneux, et le Dieu qui revêt le lys d’une robe si éclatante et qui prend soin des oiseaux, le Dieu d’Élie et de Paul enverrait encore l’aigle, le corbeau et la biche pour nourrir ceux qui auraient tout quitté, afin de n’aimer que lui seul dans la solitude ! Oui, le miracle se renouvellerait, si la dureté de l’égoïsme fermait les cœurs, si l’aumône de la charité ne se répandait pas aux pieds de Marie Contemplative, si l’action oubliait jamais ce qu’elle doit à la prière, l’agitation ce qu’elle doit au repos, la société ce qu’elle doit à la solitude !