et leur suggéra le moyen de s’introduire dans la ville sans se faire reconnaître. Ils couchèrent au camp de Dumas, et, le lendemain matin, ils se mirent en route pour Québec. Rendus sur le chemin de Sainte-Foye, ils entrèrent dans une maison abandonnée, mangèrent et fumèrent comme des bienheureux, en attendant le moment favorable pour pénétrer dans la ville.
« À 8 heures du soir, ils faisaient leur entrée, nous ne dirons pas triomphale, mais furtive dans le faubourg Saint-Jean. La lune brillait alors de son plus vif éclat. Pour ne pas être remarqués, ils avaient la précaution de marcher le long et à l’ombre des quelques maisons qui bordaient alors la rue Saint-Jean. La chance les favorisa, car ils ne rencontrèrent que deux ou trois piétons, qui venaient de faire la partie de cartes chez le voisin. Comme ils avaient déjà été en garnison à Québec, ils n’eurent pas de peine à se rendre à la demeure d’un vieux citadin, nommé Gaufflé, où le marquis d’Albergotti leur avait conseillé d’aller séjourner.
« Le père Gaufflé, comme on le désignait ordinairement, avait soixante à soixante-cinq ans. C’était un homme gros et court ; il portait une barbe grisâtre, qui Lui descendait jusqu’à la ceinture. Il était célibataire, exerçait le métier de forgeron et vivait seul dans une vieille maison, située où se trouve aujourd’hui le cimetière de l’église Saint-Mathieu.
« Mon grand-père et son ami furent très bien reçus