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rant sa retraite, le chevalier de Lévis quitta 400 hommes à la Pointe-aux-Trembles pour surveiller les mouvements de l’ennemi, et le soir il vint camper à Jacques-Cartier. Au mois de novembre, il partit pour Montréal, en laissant 1 000 hommes au fort, dont tu vois encore les ruines sur la rive opposée, et en confia le commandement au marquis d’Albergotti.

« Le fort Jacques-Cartier n’était rien autre chose qu’une caserne, construite en bois carré de sapin et d’épinette et lambrissée en planches. Le tout était entouré d’un mur de pierre de cinq pieds de hauteur. Du côté du fleuve s’élevait une plate-forme, sur laquelle on avait placé quatre canons pour recevoir MM. les Anglais. Le drapeau français flottait au haut d’un mât qui surmontait la caserne.

« Au mois de janvier 1760, le marquis d’Albergotti, désirant avoir des nouvelles du camp du capitaine Dumas à la Pointe-aux-Trembles et de la garnison de Québec, chargea de cette mission mon grand-père Jean Godin et Pierre Léveillé. Ces deux hommes étaient d’une taille gigantesque et d’une force herculéenne. Ils prirent des provisions pour huit jours, et, habillés en paysans, ils partaient le 15 janvier, entre 9 heures et 10 heures du matin, pour se rendre à la cité de Champlain.

« À 1 heure de l’après-midi, les deux envoyés extraordinaires arrivèrent à la Pointe-aux-Trembles, où le capitaine Dumas leur fit un excellent accueil