Page:Rouleau - Légendes canadiennes tome II, 1930.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Une exclamation de fureur s’exhala aussitôt de la poitrine des trois bandits :

« — Il y a ici quelqu’un qui nous espionne ! »

« Et le chef ajouta :

« — Que ce soit le diable ou un être humain, il faut s’en emparer mort ou vif. Cherchons partout. Allume des torches, John, et hâte-toi. »

« Deux torches brillent aussitôt dans l’obscurité, et les lumières s’étendent vers mon gîte. Comme il ne me reste plus que deux planches pour reposer ma tête, les brigands aperçoivent immédiatement mon bonnet rouge, dont le gland passe à travers une fissure.

« Le chef dit alors à John :

« — Regarde là-haut ; vois-tu son bonnet rouge ? C’est le diable en personne ; car il n’y a que lui qui puisse grimper jusque-là. Faisons-le descendre à coups de pistolet, si nous ne pouvons pas l’atteindre autrement. »

« Il dit, et l’un des brigands se met à escalader le mur en ruines. Il monte sur une poutre et se trouve à cinq ou six pieds de moi. Les torches ne projetaient plus qu’une pâle lumière ; mais je le voyais par intervalle, à la lueur des éclairs. Il pointe son pistolet sur moi, en criant :

« — Descends, ou tu es mort. »

« Je n’hésitai pas un seul instant. Comme j’avais hérité un peu de la force de mon grand-père Jean, que les Anglais n’ont pu faire mourir, je lui lance