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bable que la table mentait très souvent, mais alors on ne le remarquait pas. Si l’on mettait un objet béni sur la table en mouvement, elle s’arrêtait tout net jusqu’à ce qu’on l’eût enlevé. On s’amusait, mais on ne réfléchissait pas.

« La même chose se passait dans les paroisses voisines et même dans la bonne ville de Québec. Mais c’est à Saint-Anne de la Pocatière que se produisit le fait décisif qui engagea l’autorité diocésaine à défendre le jeu des tables tournantes, et voici dans quelle circonstance.

« Un paroissien, chrétien exemplaire, mourut muni de tous les secours de la religion. Pendant qu’on faisait la veillée au corps et qu’on priait pour le repos de son âme, quelques jeunes gens se réunissaient dans une maison voisine pour faire la causette avec les trois filles de ce brave habitant. La conversation roula sur différents sujets et tomba finalement sur les tables tournantes. L’un des cavaliers dit alors :

« — Faisons donc tourner la table pour savoir où est l’âme du défunt. »

« Aussitôt on forme la chaîne des doigts autour de la table, et l’un d’eux demande :

« — Si l’âme du défunt est au ciel, frappe un coup ; si elle est dans le purgatoire, frappe deux coups ; si elle est en enfer, frappe trois coups. »

« La table se soulève alors lentement et frappe trois coups.