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les excitaient à se battre. Enfin, à bout de force, une famille entra au logis.

« La famille voisine n’avait pas encore la mesure tout à fait pleine : de nouvelles rasades achevèrent l’œuvre diabolique, et tous ces ivrognes se mirent à pousser des beuglements et des jurements qui faisaient dresser les cheveux à tous les habitants des environs.

« Dans la maison, dont la porte était toute grande ouverte, il n’y avait aucune lumière, bien que la nuit fût venue depuis longtemps.

« Cependant, tout à coup un enfant s’écrie :

« — Maman, regarde donc ce qu’il y a dans la maison ; ça éclaire. »

« Le père de dire :

« — Si c’est quelque maudit qui veut nous faire peur, je lui casse la tête. Venez avec moi. »

« Et tout le monde entre en titubant.

« Dans l’obscurité se promenait un monstre de la taille d’un gros chien, les yeux et la langue en feu. Après avoir fait quelques tours au milieu des spectateurs, l’animal va se coucher sous une table, tout en les fixant de ses yeux étincelants.

« — Disons le chapelet, c’est le mauvais esprit, » s’écria la mère.

« Et aussitôt tous tombent à genoux, bien dégrisés, et demandent à Dieu miséricorde et pardon.

« Le chapelet terminé, le monstre avait disparu. Mais personne ne voulut se mettre au lit.