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Il est 5 heures du matin. Encore trois heures, et le brigand va paraître chargé d’iniquités devant son souverain Juge. Les prêtres se jettent à ses pieds et le conjurent de réciter avec eux le Souvenez-vous de saint Bernard. À cette ardente supplication, le condamné porte les yeux vers la voûte de son obscur cachot, joint les mains sur sa poitrine oppressée, récite le Souvenez-vous, éclate en sanglots et tombe à genoux en criant :

« Mon Dieu, pardon ! »

La glace était rompue, et le brigand était converti. Il fait une confession générale, assiste au saint sacrifice de la messe, reçoit la sainte communion et, cinq minutes plus tard, tombe sur la voie publique frappé de six balles.

Avant de mourir, le condamné adresse la parole à la foule, énumère tous les crimes qu’il a commis pendant sa vie et demande pardon à tous ceux qu’il a offensés.

« Je meurs content, dit-il, car je meurs réconcilié avec mon Dieu, que j’ai tant outragé. Je dois ma conversion à la bonne Madone. Sur son lit de mort, mon père m’avait fait promettre de réciter le Souvenez-vous tous les jours. J’étais bien jeune alors, et je n’ai jamais manqué à ma promesse. C’est la Vierge Marie qui m’a ouvert les yeux et sauvé des flammes de l’enfer. Mes amis, priez toujours Marie, et elle vous tendra une main secourable dans les circonstances les plus pénibles. Adieu ! »

Et le converti entre dans l’éternité.