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montagnes et en se joignant quelques jours plus tard à une bande de brigands. »

Deux semaines après son arrestation, notre brigand subit son procès et est condamné à être fusillé. Deux religieux se rendent à la cellule du condamné et offrent leurs services pour le préparer à la mort. Le malheureux pécheur refuse ; il ne veut pas entendre parler de Dieu. Les zélés religieux reviennent plusieurs fois à la charge, mais en vain ; leurs paroles de consolation sont accueillies par des jurements et des blasphèmes. Le cœur de ce brigand reste aussi dur que le roc.

La veille de l’exécution, les courageux apôtres entrent de nouveau dans le cachot du prisonnier et lui parlent avec des larmes dans la voix du sort épouvantable qui lui est réservé s’il meurt dans l’impénitence finale.

« C’est trop tard, reprend le brigand, et je suis trop criminel pour que Dieu me pardonne. Rien ne peut m’arracher des flammes de l’enfer, que je vois déjà entr’ouvert sous mes pieds. »

Les religieux redoublent de courage et d’efforts. Le brigand résiste toujours en répétant :

« C’est trop tard. »

Minuit sonne, et toujours la même obstination de la part de ce grand criminel. La nuit s’écoule au milieu des pleurs et des prières des dignes fils de saint François. Et le prisonnier continue de hurler qu’il est damné et que rien ne peut le sauver.