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patrouille, en se servant d’une chaise comme d’un bouclier. Le commandant reste impassible, les zouaves ne sont nullement effrayés des menaces de cet énergumène ; ils attendent l’ordre d’agir.

« Zouaves, commande le gendarme, en avant ! »

Nous avançons et nous pointons la baïonnette vers la poitrine du forcené. Sa résistance n’est pas de longue durée ; car, se voyant menacé d’une mort certaine, il demande grâce pour la vie et, devenu aussi doux que l’agneau, il promet de nous suivre. Nous le conduisons à la prison entre quatre baïonnettes.

Après avoir confié notre prisonnier au geôlier, nous reprenons notre course à travers la ville. Chemin faisant, nous demandons au gendarme la cause de l’arrestation que nous venons d’opérer.

« C’est, nous répondit-il, un brigand de la pire espèce que nous avons pincé ce soir. Il fait partie de la bande qui rôde depuis quelque temps aux environs de Cori, l’ancienne Cora, la patrie de Ponce-Pilate, et il était venu en cette ville chargé de remplir une terrible mission. Comme j’ai pu m’en convaincre par la lettre qu’il tenait cachée dans la doublure de son habit, ce brigand devait voler un enfant d’un des plus riches citoyens de cette ville, l’emporter dans les montagnes et demander ensuite une forte rançon. Heureusement que je le connaissais, car c’est un ancien résidant de Velletri qui, après avoir commis les crimes les plus horribles, avait échappé à la justice en se réfugiant dans les