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sons pour nous faire tenir sur la défensive, tout prêts à recevoir l’attaque. Obéissons donc sans murmurer ; c’est la discipline qui le veut, et c’est pour la bonne cause qu’il nous faut obéir.

L’énigme s’explique bientôt ; car le gendarme nous donne le commandement de porter armes et d’entrer dans le café. Vous pouvez vous figurer facilement la surprise et la binette des habitués du café en voyant arriver cinq militaires armés jusqu’aux dents. L’un des convives, entre autres, nous paraît mal à l’aise, et c’est vers lui que nous nous dirigeons. Le gendarme lui frappe sur l’épaule en lui disant :

« Vous êtes mon prisonnier.

— Pour quelle raison ? » réplique l’homme interpellé par le gendarme.

Pour toute réponse, ce dernier lui ordonne d’ôter son habit, — une blouse de drap noir. Le buveur obéit sur-le-champ, mais en faisant une grimace. Le gendarme prend l’habit, le tourne, le retourne, et l’approche d’un bec de gaz. Une lettre apparaît entre la doublure et le dessus. En un clin d’œil, la doublure est enlevée d’un coup de sabre, et la lettre tombe au pied d’un zouave, qui la ramasse et la remet au gendarme. Notre commandant est satisfait de ses investigations ; il sait ce qu’il voulait savoir.

« Habillez-vous, dit-il au buveur, et suivez-nous à la prison. »

Le convive se fâche, frappe la table du poing, casse les verres et se met en état de résister à la