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tous les coins et toutes les fissures des rochers sur lesquels ils glissaient, pour ainsi dire, il n’y a qu’un instant, et vous ne trouvez aucune trace de leur passage, aucun vestige, aucun indice qui puisse vous guider dans vos recherches. La montagne s’est entr’ouverte sous leurs pas pour les cacher dans ses entrailles, et toute empreinte s’est évanouie comme au passage des Israélites sur la mer Rouge.

Dans le cas où nous parviendrions à connaître la retraite des brigands, nous n’en serions pas plus avancés ; car, dès que le soldat commencerait à descendre dans leur antre ténébreux, les brigands prendraient la fuite par une autre issue secrète, qui est quelquefois placée sur le flanc opposé de la montagne, et iraient se nicher dans un autre édifice pierreux dont l’existence est ignorée du commun des mortels. Pour couper la retraite des brigands dans ce cas-là, il n’y aurait qu’un moyen : ce serait de cerner la montagne qu’ils occupent, et, une fois le cercle formé par plusieurs compagnies de soldats, de gravir lentement la colline en rétrécissant la circonférence. Mais l’exécution d’une pareille entreprise offre encore peu de garantie de succès. En effet, supposons qu’on vienne vous dire que les brigands sont campés sur telle montagne et qu’on les a vus à l’instant même. Aussitôt un bataillon se met en marche et se prépare à emporter la montagne d’assaut. Arrivés au lieu désigné, les militaires ne trouvent plus que des ronces et des épines, et voici