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Avant de rendre le dernier soupir, la moribonde appela Gaston à son chevet et lui fit promettre, après lui avoir mis sous les yeux toute l’horreur de sa situation et le triste avenir qui s’ouvrait devant lui, de ne jamais oublier la sainte Vierge dans ses prières et de dire tous les jours à son intention un Ave Maria. Gaston, — nous le disons à sa louange, — tint sa promesse ; jamais il n’omit la récitation de la Salutation angélique.

La mort de sa mère le retint quelques jours chez lui. Mais les salutaires réflexions que lui inspira ce tragique événement ne laissèrent bientôt aucune trace, et un mois s’était à peine écoulé depuis cette lugubre époque, que Gaston se livra de nouveau au plaisir et à la débauche avec une ardeur indescriptible. Il était immensément riche ; aussi il redevint immensément dépravé. Il roula de crime en crime et finit par le pénitencier, où il passa cinq années, confondu avec tout ce que la société renferme de plus vil et de plus honteux. Ce terrible châtiment n’opéra en lui aucun changement. En sortant, Gaston courut à Québec presser la main de ses compagnons de désordre et continua, comme par le passé, de se vautrer dans tous les excès.

Trois ans après sa sortie du pénitencier, Gaston avait complètement dissipé la fortune presque fabuleuse que lui avait léguée sa bonne et tendre mère. Lorsque son intendant lui apprit cette nouvelle, l’enfant prodigue resta comme foudroyé. Il lui sem-