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pieds que de lui voir commettre un seul péché mortel. Le jeune Gaston, — c’est le nom de l’enfant, — répondit d’abord aux nobles espérances que sa mère mettait en lui. Au collège, il devint le modèle des étudiants. Pendant les vacances, sa conduite faisait l’admiration de toutes les personnes qui le fréquentaient.

Partout on parlait de Gaston comme d’un jeune homme doué des plus précieuses qualités du cœur et de l’esprit. La mère était heureuse. Mais son bonheur fut de courte durée ; car Gaston, qui aimait passionnément la lecture des romans immoraux, comme on en rencontre si souvent de nos jours, se perdit entièrement. Sa mère eut beau lui faire de sages remontrances sur la lecture de semblables livres et sur les mauvaises compagnies qu’il hantait, tout fut inutile. Plus Gaston avançait en âge, plus il s’enfonçait dans la fange du crime. Après avoir été un phare lumineux par ses vertus, il devint la triste personnification de la débauche, de l’ivrognerie et de l’impiété. Quand il passait dans la rue, on le montrait du doigt et les enfants le fuyaient comme un pestiféré.

La malheureuse veuve éprouva tant de chagrin de la conduite de son fils dénaturé, qu’elle tomba malade et mourut quelques semaines plus tard.