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mort qu’on est sur le point de lancer dans l’éternité.

« Cependant le plus grand silence règne dans ma chambre hantée. Je reprends un peu de courage après avoir dit un pater et un ave pour les âmes du purgatoire et je m’efforce de clore la paupière en m’abriant avec mes draps par-dessus la tête. Mais vaine tentative ; les esprits recommencent leur jeu infernal ; ils ne me laissent pas une minute de repos. Cette fois, je sens rouler sur mon corps, de la tête aux pieds, un objet qui, par le toucher, ressemble à un sac rempli de laine. Je me dresse alors tout d’une pièce en criant :

« — Si quelqu’un a affaire à moi, qu’il parle. Il faut en finir avec cette chanson-là. »

« J’avais réellement peur, et j’étais en colère.

« Personne ne répond à mon interpellation. Tout dans ma chambre est dans le même état qu’auparavant. Je me jette à genoux sur mon lit, — je n’aurais pas voulu mettre pied à terre pour tout l’or du monde, — et je prie pour les âmes qui ont le plus besoin de secours. Ma prière fut exaucée, car j’ai passé le reste de la nuit sans être inquiété davantage par les revenants.

« À 3 heures, j’étais debout et je me promenais de long en large dans le jardin, pour respirer cet air embaumé de la campagne qui s’exhale pendant une délicieuse journée du printemps. J’étais brisé, fatigué, harassé.

« Le soir arrivé, je préviens M. Moore que je ne