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vous avez racheté des flammes du Purgatoire ; c’est le dernier franc dont vous vous êtes dépouillée en sa faveur qui lui a ouvert la porte du ciel. Je n’ai pas d’ouvrage à vous donner ; mais je veux vous sauver de la misère, comme vous avez sauvé mon enfant des flammes du Purgatoire. Désormais ma maison sera la vôtre. J’ai perdu mon mari et mon fils unique, vous les remplacerez à mon foyer. »

Après lui avoir glissé quelques louis d’or dans la main, la dame dit à Julie :

« Allez consoler votre mère chérie et venez ensuite vivre avec moi. »

Voyant que Julie hésitait à partir, elle lui demanda la cause de son trouble.

La jeune fille lui avoua franchement qu’elle ne pouvait se décider à abandonner sa bonne mère. Mme L… la rassura :

« Vous ne quitterez pas votre mère, lui dit-elle. Retournez chez elle et qu’elle vienne demeurer ici avec vous. Elle a aussi sa place dans ma maison. »

Quelques jours plus tard, Julie et sa mère étaient installées dans la charmante villa de la veuve et menaient une existence des plus heureuses. À la mort de Mme L…, Julie hérita de l’immense fortune de cette femme de bien.

Un franc déposé chaque semaine entre les mains du curé avait produit des millions.