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Dubourg étaient en sûreté ; ils avaient échappé à la haine et à la fureur d’un ennemi implacable. Mais, s’ils n’avaient plus à redouter la persécution et la mort, ils avaient à lutter contre les intempéries des saisons et contre toutes les horreurs de l’indigence. En quittant leur modeste habitation, ils avaient tout perdu, excepté le courage et l’honneur. Forts de ces deux vertus, ils s’enfoncèrent dans la forêt, et, après quelques années d’un rude labeur, ils se trouvèrent à la tête d’une jolie ferme, qui rapportait assez pour leur propre subsistance.

Mais de nouveaux malheurs vinrent frapper cette famille déjà si cruellement éprouvée. Pendant l’été de 1830, un incendie détruisit la chaumière et toute la récolte des Dubourg, qui se virent réduits à la plus grande misère. Le père et la mère, brisés par ce terrible désastre, tombèrent malades presque en même temps et moururent dans l’espace de trois semaines. Pierre, l’aîné des garçons, après avoir rendu les derniers honneurs à ses malheureux parents, abandonna la ferme aux soins de Jean, le deuxième fils des Dubourg, et partit pour Québec et de là pour la Californie, d’où il n’est jamais revenu. On n’en a pas entendu parler depuis cette époque. Les filles, au nombre de trois, épousèrent de riches cultivateurs des paroisses environnantes.

Jean, resté seul, se livra à la culture de sa ferme avec une énergie et une activité sans bornes. Mais ses efforts restèrent stériles ; il vécut toujours dans