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un certain et authentique Cadran installé à l’entrée de ce beau lieu, on s’y serait certainement oublié.

Ces courses longues et fréquentes ne plaisaient guère à nos mères. Car, en mille endroits des Pins, il y avait des buissons épineux plus malfaisants que la mousse. Et puis, les corneilles et les merles n’avaient pas la complaisance de mettre leurs nids à notre portée. Sans doute, ils connaissaient leur affaire bien mieux que nous, au moins à leur point de vue ; mais cela nous obligeait de grimper de branche en branche, jusqu’au trésor convoité, puis de descendre par le même chemin, — et, croyez-le bien, ce n’était pas le chemin du Roi celui-là, ainsi que nos déchirures pouvaient l’attester. Tout naturel alors d’avoir une mine guindée pour arriver à la maison. Mais quelle rose n’a pas ses épines ! Puis, nous nous réservions le plaisir de recommencer.

Un grand argument qu’employaient nos mères pour nous empêcher d’aller folâtrer dans les Pins, c’était de nous dire que, tout près du chemin, en face même de l’antique Cadran, était enterrée une victime du docteur l’Indienne. On racontait qu’un colporteur avait été dépouillé et tué en cet endroit par le terrible docteur, qui avait creusé tout près une fosse, afin d’y cacher le cadavre.

Nos compagnons aînés, eux aussi dépositaires de cette légende, nous montraient, à l’endroit indiqué, une cavité de la grandeur d’une fosse, et que les